L'histoire de la Géorgie pendant la période moderne précoce est profondément liée à l'influence de la Russie, reflétant un récit complexe de manœuvres géopolitiques, de changements culturels et de transformations socio-économiques. Cet article explore les subtilités de l'influence russe en Géorgie, examinant les événements clés, les traités et les changements sociétaux du 15e siècle au 19e siècle, en se concentrant sur la manière dont ces développements ont façonné le cours de l'histoire géorgienne.
Premières rencontres et alliances
Au 15ème siècle, le royaume chrétien unifié de Géorgie s'était fragmenté en États plus petits, devenant un champ de bataille pour les empires ottoman et persan. Cette division a laissé la Géorgie vulnérable, préparant le terrain pour l'influence russe dans la région. La foi chrétienne orthodoxe partagée entre la Géorgie et la Russie a jeté les bases de premiers contacts diplomatiques, en particulier avec le royaume géorgien de Kakheti. Malgré la réticence initiale de la Russie à intervenir de manière significative en raison de sa distance et de son pouvoir limité dans le Caucase du Sud, au début du 18ème siècle, la Russie a commencé à effectuer des incursions militaires plus affirmées dans la région, exploitant le chaos au sein de l'empire persan safavide.
Le Traité de Georgievsk et ses conséquences
Un moment décisif est survenu en 1783 lorsque Héraclius II de Kartli-Kakheti signa le Traité de Georgievsk avec la Russie. Ce traité fit de Kartli-Kakheti un protectorat russe, prétendument pour assurer la sécurité contre l'agression ottomane et persane. Cependant, l'incapacité de la Russie à respecter ses obligations de protection lors des conflits ultérieurs, notamment la guerre russo-turque de 1787, entraîna des incursions persanes et le saccage catastrophique de Tbilissi en 1795. Malgré ces revers, les dirigeants géorgiens continuèrent de considérer l'alignement avec la Russie comme leur meilleure option pour la survie.
Annexion russe et changements administratifs
Le début du 19ème siècle a marqué un changement significatif avec l'annexion formelle des territoires géorgiens par la Russie. Suite à des disputes de succession internes à Kartli-Kakheti après la mort d'Héraclius II, la Russie a aboli la monarchie locale et a incorporé le royaume dans l'Empire russe en 1801, une décision qui a été officialisée par le tsar Alexandre Ier en 1801. Cette incorporation a marqué une escalade significative du contrôle russe sur les territoires géorgiens.
Conflits militaires et expansion
La position stratégique de la Géorgie en faisait un atout précieux pour les politiques expansionnistes russes. Le début du 19ème siècle a été marqué par une série de conflits, y compris la guerre russo-persane (1804–1813) et la guerre russo-turque (1806–1812), qui se sont terminées par la consolidation du contrôle russe sur les territoires géorgiens. Les victoires russes dans ces guerres ont été reconnues dans divers traités de paix, et d'autres territoires ont été progressivement intégrés dans l'Empire russe.
Transformations sociétales et économiques
Le règne russe a apporté des changements sociaux et économiques significatifs à la Géorgie. La fin du 19ème siècle a vu l'émergence de nouvelles classes sociales, en partie en raison de l'émancipation des serfs en 1861 par le tsar Alexandre II. Cette émancipation, cependant, n'a pas immédiatement atténué la pauvreté de nombreux Géorgiens, car les anciens serfs faisaient encore face à une dépendance économique vis-à-vis de leurs anciens seigneurs. Cette période a également vu la croissance d'une classe ouvrière urbaine, entraînant un mécontentement croissant et l'émergence de mouvements politiques, y compris le socialisme.
Intégration culturelle et résistance
Tout au long de la période impériale russe, des efforts ont été déployés pour intégrer la société géorgienne dans l'Empire russe plus large. Cette intégration n'a pas toujours été fluide, la gouvernance russe initiale étant souvent autoritaire et insensible aux coutumes et lois locales. L'abolition de l'autocephalie de l'Église orthodoxe géorgienne en 1811 et son incorporation dans la hiérarchie de l'Église russe est un exemple de cette insensibilité. Ces actions, parmi d'autres, ont contribué à un mécontentement croissant et à la résistance au sein de la société géorgienne.
Immigration et changements démographiques
Sous le règne de Nicolas II, les autorités russes ont encouragé la migration de diverses minorités religieuses, y compris les Molokans et les Doukhobors, vers la Transcaucasie, y compris la Géorgie. Cette politique visait à la fois à isoler les dissidents et à renforcer la présence russe dans la région. L'établissement d'autres communautés chrétiennes en Géorgie au cours du 19e siècle, en particulier les Arméniens et les Grecs du Caucase, a encore modifié le paysage démographique de la région.
En conclusion, l'influence russe en Géorgie pendant la période moderne précoce était caractérisée par une interaction complexe de facteurs militaires, politiques et culturels. Cette période a vu la Géorgie passer d'un ensemble fragmenté de principautés à une partie intégrée de l'Empire russe, connaissant des changements profonds dans son tissu social, son économie et sa gouvernance. L'héritage de cette époque continue de façonner l'État moderne de la Géorgie, reflétant une trajectoire historique marquée par l'influence externe et l'adaptation interne.